Un lieu tellement hospitalier

Dans ce quadrilatère immense, qui sert aussi bien de rendez-vous de baby-sitters le mercredi que de terrain d’entraînement au foot pour jeunes garçons (les sweat-shirts matérialisent habituellement les buts), la vague boursière ne semble pas avoir pénétré entre les murs.

La cour de l’hôpital Saint-Louis à Paris (10e) présente, avant que l’on accède aux bâtiments modernes, un faux-air de place des Vosges.

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(Photo : cliquer pour agrandir.)

Les guides des bateaux à touristes qui descendent ou remontent le canal Saint-Martin, perpendiculaire à l’édifice, ne manquent pas de rappeler, avec leurs haut-parleurs tonitruants et multilingues, son histoire.

Ils omettent de préciser que l’ancienne entrée, réservée surtout à de rares piétons, fut utilisée pendant des années pour le tournage de la série télévisée Navarro : elle figurait, lors de chaque épisode, le porche du commissariat de police, une fois remplacée sa mention d’origine.

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(Photo : cliquer pour agrandir.)

Après avoir traversé ce lieu tellement hospitalier, on entre dans le hall qui abrite une maison de la presse : Libération et Le Monde sont encore disponibles, c’est le jour des cahiers « livres ». Je me suis bien amusé en lisant l’article d’Edouard Launet sur Régine Detambel.

Le soir, à 20 heures, France 2 diffusait un reportage sur Jean-Marie Gustave Le Clézio, lauréat du prix Nobel de littérature, puis une interview de DSK (toujours plus souriant et rassurant que jamais, le FMI en sautoir), puis un sujet sur Nicolas Sarkozy au Salon de l’auto (on croyait que le spécialiste des bolides, c’était François Fillon !), et enfin un « direct » avec l’écrivain couronné qui ne semble pas exiger le moindre soin de l’ex-kiné « gérontophile » à plume précédemment citée.

Le président de la République puis la ministre de la culture avaient, presque immédiatement, et dans l’ordre chronologique protocolaire, exprimé leur « fierté » pour la plus haute distinction littéraire attribuée à l’écrivain français.

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Hier, le soleil, en cette fin d’après-midi, jouait ici avec l’architecture intemporelle : les êtres humains passaient, la pierre demeurait bien une « valeur refuge ».

Ainsi, la ronde des siècles se poursuivait-elle, tranquillement indifférente au cours erratique de la finance mondiale.

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Dominique Hasselmann

16 commentaires sur “Un lieu tellement hospitalier

  1. C’est une promenade d’automne que vous nous proposez. dans une belle lumière de saison. Quant à « grignoter les feuilles de vigne » en toute impunité, cela est sans doute meilleur qu’être un mauvais poète. N’est pas JMG qui le voudrait.

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  2. Au JT du même jour mais à midi, la présentatrice sautait « sans transition » de l’écrivain discret » au discours du salon de l’auto. Sans trembler.

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  3. – Désormière : grignoter aussi des noisettes…

    – Dom A. : je crains que le Président n’ait confondu Le Clézio avec la Clio ! Il va sûrement demander que tous les fonctionnaires lisent dorénavant celui-ci.

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  4. Je ne suis pas très sûr que Dom. A. ait raison. Le Petit Hongre avait entendu le cauteleux Darcos évoquer une certaine Clio dont il programmait la disparition dans l’enseignement secondaire pour les prochaines rentrées, Carla évoquer une certaine Clio qu’elle rencontrait entre 5 et 7 mais pour Renault entre la Vel Satis et « Laisse-béton » qu’avait moqué son cher copain Clavier le corsé, un soir de liesse, il n’aurait su envisager qu’il puisse s’agir d’une automobile, à la rigueur peut-être un minuscule engin expérimental destiné à tester le moteur à hydrogène ou une nouvelle génération de carburant à l’ethylcocanol.
    Quant au Clézio il s’est fié selon toutes probabilités à L’aube nouvelle venue de Bobigny où dès que la C.F. y aura fait son trou, la Bruni voudra l’entraîner pour faire mieux peuple qu’auparavant -mais avec toutes les assurances de sécurité et de bienséance réunies- lorsqu’il se trouvait encore minable représentant en karchers.

    Une seconde question-observation adressée au chef rédacteur : il n’est rien dit du traitement du vampirisme auquel dans sa spécialité le bel hôpital visité a dû certainement se trouver confronté au moins par le passé… ?

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  5. Hm.. à voir l’enthousiasme présidentiel, je doute que NS ait lu La Ronde (mobs dans les cités), Désert (immigration maghrébine) ou Etoile errante(expulsion des indésirables).
    C’est peut-être le Procès-verbal (pour le titre? ) qui l’interpelle (cas de le dire…)

    Merci pour les photos, the right eye in the right place at the right hour…

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  6. Le jardin est fort agréable; le lieu est calme; la lumière est jolie, la fin de l’après-midi sans doute; pour Jean-Marie Gustave, je trouve que les images sont bien choisies, elles lui conviendraient peut-être; je me souviens, je crois, d’une émission de radio où on retransmettait le discours d’Albert Camus à l’Académie Royale de Suède où lui aussi avait été reconnu; et je me souviens aussi de Jean Paul qui le refusa; tout ça pour dire que de ces trois-là, il est à peu près certain que nano 1 n’a fait qu’entendre parler, mais cependant il a grillé sa ministre de la culture dans les reconnaissances hypocrites; dans la série potiche, il y a aussi celle de la santé (et ses gros sabots… ) mais je ne vois toujours pas Fadela…!

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  7. Si ma mémoire est bonne, y’a plein de lignes à l’intérieur sur le sol de l’hôpital, comme des rails de couleurs variées, pour atteindre le bon service ?
    N’est t’il pas ?

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  8. Je me suis laissé guider à travers les photos en rêvant de ces vieilles pierres que je n’avais jamais vues, malgré mes quelques visites en France. Je rêvais également de cette verdure et de ces arbres qui élèvent ces vieilles pierre (ou l’inverse) au rang de noblesse. La dernière photo est un choc. Faut-il en dire plus ? N’arrêtons pas le progrès, car même si nous le souhaitions tous, « l’affaire serait jugée douteuse ».

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  9. Ce que Rimbaud disait de sa crise, je le reprends à mon compte:
    « Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées ;
    Mon paletot aussi devenait idéal :
    J’allais sous le ciel, Muse ! et j’étais ton féal ;
    Oh ! là là ! que d’amours splendides j’ai rêvées!
    Mon unique culotte avait un large trou. »

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  10. C’est amusant, depuis quelques jours j’ai l’impression que nous nous croisons : la bourse est mon quartier de bureau, l’hôpital Saint Louis j’y suis allée la semaine passée (alors que je n’y avais pas mis les pieds depuis des années) …
    (par exemple)

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  11. – gilda : comme dans un film…

    – ravissement : la Bourse est un panier percé.

    – Pierre R. Chantelois : la pierre, elle, ne ment pas.

    – Bloguer ou ne pas bloguer : cours du CAC 40 ?

    – PdB : on commence à s’inquiéter sérieusement pour Fadela.

    – Magali : « Le Procès-verbal », le livre préféré de Rachida.

    – Igor le Vieil : Bram Stocker a écrit un livre sur le sujet…

    – Jab : dans le hall d’entrée, il y a des poteaux de couleurs, mais les rails, je crois que c’est à la gare de l’Est !

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